L’Eurorégion a inauguré la troisième édition des Cours d’été transfrontaliers en proposant un cours d’été sur la coopération universitaire transfrontalière le lundi 15 juillet dernier à la Cité des Arts de Bayonne. Une cinquantaine de personnes ont assisté à cet atelier qui a permis d’explorer à la fois les défis et les opportunités d’une coopération entre les universités et les territoires.
La coopération universitaire transfrontalière, un engagement européen et régional
Après une introduction de Leyre Azcona, chargée de missions au sein de l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre, la première partie du cours d’été a été consacrée à un échange sur les politiques européennes et régionales de l’enseignement supérieur et de la recherche. Tine Delva, cheffe d’unité adjointe Enseignement supérieur à la Commission européenne, a indiqué la position des institutions européennes sur ces questions en rappelant que l’éducation est un outil puissant d’intégration, de cohésion et de convergence, et que, dans ce cadre, de nombreuses initiatives ont déjà été déployées au niveau européen. Actuellement, la Commission européenne, à travers son Blue print for European degrees, envisage la mise en place de nouveaux types de qualifications européennes. Patricia Fanlo, ministre de l’Université, de l’Innovation et de la Transformation numérique du gouvernement de Navarre, et Adolfo Morais, vice-ministre des Universités et de la Recherche du gouvernement basque, ont par la suite présenté les stratégies universitaires de leurs gouvernements respectifs. Les objectifs principaux décrits sont le partage de la connaissance, l’internationalisation, et le développement d’une excellence universitaire. Ils ont pour cela mis en avant l’importance de la création d’écosystèmes universitaires et l’importance des alliances et des partenariats.
Apprendre les uns des autres : des initiatives et des réseaux de coopération universitaire transfrontalière
La deuxième partie du cours a permis d’explorer des initiatives transfrontalières et leur impact territorial. Arola Urdangarin, directrice de l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre, a ouvert la discussion en présentant la stratégie universitaire de l’Eurorégion NAEN à travers des initiatives telles que la bourse eurorégionale permettant de financer les mobilités étudiantes sur le territoire eurorégional, ou encore la plateforme digitale de collaboration universitaire eurorégionale UNINAEN. Xosé Lago Garcia, secrétaire du GECT Galice Nord du Portugal, a ensuite présenté IACOBUS, un programme de coopération scientifique et technologique transfrontalière qui propose des aides financières pour les mobilités de recherches, les publications scientifiques et les brevets. Suite à cela, Eric Tschirhart, coordinateur du projet Leg-UniGR, a retracé l’histoire de l’Université de la Grande Région, une université présente sur quatre pays, ainsi que celle de Leg-UniGR, un projet de recherche afin de tester la faisabilité d’un nouveau statut juridique pour les universités européennes. Il a mis en avant les difficultés d’une coopération universitaire entre quatre pays différents. Finalement, Miriam Ruiz Yánis, responsable de l’innovation collaborative à Euskampus Fundazioa, a présenté LTC Sarea, des laboratoires de coopération transfrontalière dont l’objectif est de développer une recherche commune et l’échange de ressources au-delà des frontières. Thomas Schäfer, professeur-chercheur à Ikerbasque, a illustré ses propos en présentant l’incubateur BioMINT qui se base sur la complémentarité de deux laboratoires, l’un à Bordeaux, spécialisé sur la biophysique et l’autre à Saint-Sébastien spécialisé sur l’ingénierie chimique.
La dernière partie a été consacrée aux réseaux de coopération universitaire, avec l’intervention de Mikel Antón, directeur pour l’Union européenne du gouvernement basque, qui a détaillé les objectifs d’innovation, de développement économique, social, culturel et durable de l’Arc Atlantique, et Antonio López, représentant de la Red Crusoe, qui tente d’impulser le développement régional et la spécialisation intelligente en Espagne et au Portugal. Pour eux, la coopération et la collaboration transfrontalière sont nécessaires pour tendre vers des projets plus ambitieux et pour créer des espaces d’excellence universitaire, mais également pour dynamiser la culture dans les territoires européens.
Arola Urdangarin a clos l’atelier en rappelant que les régions transfrontalières opèrent comme des laboratoires de coopération européenne à échelle réduite.
La coopération universitaire transfrontalière : une opportunité de développement pour les territoires transfrontaliers qui présente encore d’importants défis
Ce cours d’été a été une occasion de partager différentes approches et visions de la coopération universitaire transfrontalière. Il a permis de rendre compte de l’impulsion politique et des stratégies territoriales déployées pour tendre vers la création d’un espace de l’enseignement supérieur d’abord régional, puis européen, véritablement intégré. La coopération universitaire transfrontalière est apparue comme une opportunité de développement économique et académique des territoires, et comme une opportunité de mettre en place des projets plus ambitieux en mettant à profit la complémentarité des territoires.
Néanmoins, les intervenants se sont accordés à dire que cette coopération présente également de nombreux défis et limites qui découlent des divergences juridiques, administratives ou bien culturelles qui peuvent exister entre les différents pays européens. Pour faire face à ces difficultés, les intervenants ont encouragé à collaborer, à se rencontrer et à s’inspirer de ce qui a déjà été fait à d’autres frontières. Pour reprendre les mots de Tine Delva, il ne s’agit pas seulement d’un travail à faire depuis les institutions européennes, « but it’s up to all of us » (« mais cela dépend de nous tous »).