Les trois gouvernements membres de l’Eurorégion Nouvelle-Aquitaine Euskadi Navarre, réunis en bureau exécutif le 28 septembre dernier, expriment d’une même voix qu’il est impératif de normaliser le passage de la frontière pyrénéo-atlantique via la réouverture des pas frontaliers encore fermés et l’arrêt des contrôles systématiques pour les pas qui les subissent encore.
En janvier 2021, la préfecture des Pyrénées-Atlantiques fermait neuf points de passages frontaliers dans le cadre de la lutte contre le terrorisme. Selon la préfecture, ces fermetures temporaires auraient un impact limité sur la fluidité de la circulation et l’activité économique transfrontalières. En ce début octobre 2022, quatre pas frontaliers restent administrativement fermés (Larrau, les Aldudes, le col d’Ispéguy et le pont piéton des marchandises d’Hendaye) et les autres sont sous haute surveillance.
Mathieu Bergé, Conseiller régional délégué au transfrontalier et à l’Eurorégion, estime que « dans un temps où nous promouvons la coopération transfrontalière, il est difficile d’imaginer que certains pas frontaliers restent fermés. 30% de la population européenne vit dans une zone frontalière et il est important de garantir que ces citoyens puissent mener leur vie normalement. La fermeture ainsi que les contrôles renforcés dégradent considérablement les écosystèmes sociaux et économiques existants, alors que le travail mené depuis des années vise à tisser des relations stables, dont la fluidité, l’intensité et la quantité ne cessent d’augmenter ».
La fermeture et le contrôle intensif des pas frontaliers produit une distorsion économique dans les zones touchées, affectant le tourisme, l’élevage, la forêt, la culture et les relations personnelles et administratives. La pérennisation de la fermeture des pas frontaliers crée des problèmes de mobilité pour les personnes qui, habituellement, et comme résultat de la consolidation de la zone Schengen, organisent leurs vies à cheval entre deux États, dans l’espace transfrontalier. Ces fermetures ont un impact direct sur les relations transfrontalières. Izaskun Goñi, Directrice générale des Politiques d’Entreprise, Internationalisation et Travail du gouvernement de Navarre explique que « cette situation entraine des inégalités, des frustrations et de l’incompréhension pour les citoyens, certains pas frontaliers étant encore fermés ou subissant des contrôles alors que d’autres ont été ouverts. ».
Mikel Anton, Directeur des affaires européennes du gouvernement basque conclut “la flexibilisation des mesures, tant pour les travailleurs que pour les citoyens, semble plus qu’essentielle. Les bassins de vie, et plus généralement la vie quotidienne de l’ensemble des personnes touchées par les mesures, sont très largement impactés par de telles mesures, qui ne devraient durer au-delà du strict nécessaire. L’absence de visibilité et de temporalité des mesures complexifie par ailleurs cette situation délicate et au passage difficile de frontière s’ajoute un sentiment de défiance vis-à-vis de la coopération transfrontalière et à la normalité qui en découle ».
Pour rappel, en 2020, dans le cadre des restrictions liées à la pandémie, les trois gouvernements membres de l’Eurorégion avaient adressé une demande au Premier Ministre français et au Président du Gouvernement espagnol pour étendre la mobilité transfrontalière aux résidants dans une zone frontalière, aux personnes se déplaçant dans le cadre de projets de coopération territoriale et aux personnes se déplaçant habituellement pour des consultations médicales et/ou paramédicales. À la suite de ce courrier, une enquête avait été publiée dans laquelle les répercussions de la fermeture des frontières sur les citoyens et travailleurs transfrontaliers avaient été mesurées : 66,9% des 2400 interrogés estimaient alors avoir été affectés par la fermeture des frontières.
À cette situation s’ajoute la préoccupation autour du décès de neuf personnes migrantes autour de la Bidassoa depuis le début de l’année.
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